Le Salar d’Uyuni

Après notre nuit glaciale dans le bus retour de Potosi, nous avons opté cette fois-ci pour une compagnie dite de « Gringos », qui en temps normal nous aurait permis de profiter d’un bus doté d’un chauffage qui fonctionne. Oui, nous voulions à peu près correctement dormir cette nuit-là histoire de profiter ensuite de ces trois jours que tout le monde nous promettait comme grandioses. Perdu ! En arrivant au terminal, on nous annonce avec le sourire que le bus prévu pour ce soir n’est pas en état et qu’il faudra « simplement faire la première partie du voyage dans un vieux bus avant de changer de bus au beau milieu de la nuit. » En bons français et en bonne « pinças » nous avons donc râlé comme il se doit, et  c’est à voix basse que l’on nous a demandé de rester au guichet pour qu’on nous accorde un petit « descuento», quand tous les autres passagers sont  invités à monter à bord… Finalement, et malgré la satisfaction de ce « descuento », on aura eu la mauvaise impression de passer une nuit dans une machine à laver tellement le bus tremblait sur la route de pierres.

Nous sommes arrivés au petit matin à Uyuni et avons rejoint nos deux compagnons de voyage Sunita et Meïly, qui nous attendaient afin de pouvoir partir ensemble découvrir le « Machu Picchu de la Bolivie ». Uyuni, c’est une ville désertique, dépourvue d’habitants et d’âmes. On se croirait au beau milieu d’un décor d’un vieux Western, le froid en plus, les revolvers en moins. C’est pourtant le point de départ d’un voyage aux panoramas de rêves, parmi les plus beaux d’Amérique du Sud : le Salar d’Uyuni et le désert du Sud-Lípez, à quelques kilomètres seulement du Chili.

C’est à bord d’un 4×4 sept places âgé d’une bonne vingtaine d’années que nous allons passer les trois prochaines journées. Après un court arrêt dans le cimetière de train qui borde le Salar, nous rentrons enfin sur cette immense étendue de blanc au sol, de bleu au ciel, et d’étoiles dans les yeux. Le plus grand désert de sel de la planète est encore plus impressionnant en vrai que sur les photos. Imaginez une plaque de sel de 12 000 km2  allant parfois jusqu’à 12 mètres de profondeur, le tout à 3650m d’altitude.  D’où vient tout ce sel ? Figurez-vous que la cordillère des Andes est la plus jeune des chaînes de montagnes existantes, et qu’avant sa formation se trouvait à cet endroit un lac préhistorique géant. Ceci explique cela. L’expression « A perte de vue » trouve ici tout son sens. Du blanc et du bleu, sur des kilomètres et des kilomètres. On croirait marcher sur la neige d’une banquise infinie. Comme des chaussures de ski sur la neige, le sel craque sous nos tennis. Un paysage grandiose d’où se détache, au loin, pour marquer l’horizon, les sommets couleur ocre des volcans.

Le cimetière de trains d’Uyuni

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Le désert de sel d’Uyuni

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Après 3 heures de route (pas vraiment le terme approprié ici !) sur le sel, nous faisons escale sur Inca Huasi, une île volcanique habitée uniquement par des cactus. Perdue au milieu de cet océan de sel, cette île aux cactus est sans doute le plus beau point de vue au milieu de ce désert et c’est pour nous l’occasion de réaliser notre énième panorama.

 Vue sur le Salar depuis l’île aux cactus

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Notre 19e et ultime séance photo a eu lieu lors du coucher de soleil, grâce à un timing judicieusement choisi par notre cher guide « Luis ».

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Nous prenons la route pour rejoindre un hôtel de sel (comprenez plutôt refuge)  lequel nous abritera pour la nuit. A 4500 mètre d’altitude, à l’intérieur d’un refuge  sommaire au bord d’un désert en Bolivie, il fait généralement froid, voire très froid alors on dort emmitouflé dans nos quatre couches polaires en attendant le réveil par le froid, celui qui pointe son nez pour se poser sur le vôtre, le geler et donc vous réveiller ! Le lendemain, nous quittons déjà le Salar pour aller sillonner les routes de la région du Sud-Lípez.

La nuit dans « l’hôtel » de sel

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Le levé du soleil depuis « l’hôtel » de selIMG_2034

Le deuxième jour, changement de décor. Nous avons l’impression d’être sur les pistes du Dakar mais avec l’avantage de pouvoir admirer des paysages lunaires et désertiques. La voiture file au milieu de nulle part, les têtes scotchées aux fenêtres, nous contemplons l’esthétique de l’absence de vie, bercés par les mélodies du dernier album de notre cher duo masqué. Quelques arrêts pour nous ravitailler dans les « tiendas », qui ne courent plus les routes, nous sortent de nos songes et nous permettent de répéter le rituel « una pequeña parada de 15 minutos » – 5 min pour s’habiller contre le froid – quelques photos toutes plus exceptionnelles les unes que les autres – retour précipité vers la voiture – « qu’est-ce qu’il fait FROID ! ». Nul nuage dans le ciel, un vent glacial, le discret vacarme de la nature : nous ne sommes pas loin d’un hiver sur la côte bretonne. Voilà le décor dans lequel nous apprécions les paysages volcaniques, les arbres de pierre, les lagunes et leurs flamands roses qui décollent péniblement à notre approche, un effort de plus de la nature pour sublimer nos photos… Mais ça, c’était avant le drame ! Un peu plus tard dans l’après-midi, nous empruntons un chemin que les autres convois de touristes ne semblent pas emprunter. Il faut dire que soudainement l’inclinaison de la piste prend des airs de mauvaises pistes noires. La piste est sommaire. Nous passons un col entre deux sommets enneigés. Nous sommes en Juin. Il y a maintenant plus de poudreuse qu’un 5 janvier dans les hauteurs alpines. Sensation bizarre, paysage sublime : la routine depuis 36 heures ! Nous avançons lentement mais sûrement jusqu’au moment où « Luis » est obligé de monter sur le bas-côté pour contourner la trop grosse épaisseur de neige. Notre guide ne maîtrisait apparemment pas si bien ce genre de situation : après quelques mètres d’avancée plus qu’inclinée, l’arrière de notre quatre roues motrices se déporte et se bloque dans un bon mètre de neige. Marche avant puis marche arrière, rien à faire, on est bloqué. « Bon, je crois qu’on va être obligé de pousser ! » Les premières tentatives sont de beaux échecs : on pousse à l’avant puis à l’arrière, puis à l’avant. « Merde j’ai les pieds trempés ! Qu’est-ce qu’il caille ! Personne n’a des gants en rabe ? ». Pas gêné, notre chauffeur esquisse un sourire en nous voyant pousser comme des demeurés. S’il a paniqué lui aussi, il l’a bien caché. On se voyait déjà y rester. C’est seulement après avoir déplacé une bonne partie des pierres du versant gauche de la montagne afin de « bétonner » la piste enneigée  que nous réussissons à pousser notre 4×4 hors de la neige.

Voici à quoi ressemblaient ces paysages lunaires

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Avant le terrible accident

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La vidéo du terrible accident

 

La suite des évènements

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A peine sortis d’affaire, nous croisons un autre véhicule avec un carreau cassé lui aussi bloqué dans la neige, ses passagers ont disparu. Pas hyper rassurant tout ça. Nous arrivons finalement sains et saufs au deuxième refuge, au bord de la fameuse Laguna Colorada. Nous retrouvons les autres touristes, arrivés 1h30 avant nous… Le soleil se couche, le froid arrive. Un malheureux poêle sert de chauffage pour une dizaine de chambres de 5 personnes. Les plus prévoyants remplissent leurs bouteilles d’eau chaude en guise de bouillotte. Nous goûtons à l’immonde vin rouge local et enchaînons les tisanes et autres grogs… « Ah, ça nous rappelle les nuits sous la tente lors des week-end scouts de janvier tout ça ! ».

Réveil à 6h pour aller observer le lever du soleil près des geysers à 25 « minutitos » de route. Température ambiante : -30°C. Le spectacle est encore une fois magnifique, même si le froid et l’odeur nauséabonde du souffre rendent les photographies difficiles et écourtent les explications. Il faut cependant être concentré, ou du moins pas trop endormi pour ne pas approcher de trop près les geysers dont la température avoisine les 200°C.

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Nous rentrons pour un petit-déjeuner bien mérité et partons en direction de la Laguna Colorada, ou Lagune rose si vous préférez. Imaginez un magnifique lac de montagne entouré de sommets enneigés dont l’eau n’est ni bleu ni verte, mais bien rose. Ces tons rouge-rose résultent de la lumière du soleil qui éclaire les algues spécifiques de cette lagune. Les flamands rose complètent le décor pour le moins merveilleux. C’est la dernière étape avant de quitter l’altiplano et de redescendre dans les grandes plaines type « Death Valley ». Beaucoup moins lunaire mais tout aussi désertique, le paysage nous donne désormais à voir quelques vigognes, beaucoup de lamas, un renard et  même un chat sauvage. « Un baby Puma ! » nous fait croire Luis. Sacré Luis…

L’ultime point fort des ces trois jours inoubliables fut la « Ciudad Perdida ». Une véritable cité fortifiée naturellement par des roches volcaniques. Ambiance surnaturelle, l’impression d’avoir été téléporté dans le Colorado, ultime occasion de mitrailler…

La laguna colorada et la Ciudad Perdida

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Il est maintenant l’heure de rentrer, de dire au revoir aux  lamas sauvages, d’abandonner l’espoir d’être attaqués par un puma, de se baigner dans les eaux thermales (fermées cette semaine pour excès de neige)… Les trois jours se clôturent sur un coucher de soleil encore une fois merveilleux. Nous sommes fatigués et sales, mais ces trois jours auront été probablement les jours les plus impressionnants et dépaysants de notre voyage… Enfin, ça, c’était avant l’ascension du Huayna Potosi …

Maxence

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Une réponse à “Le Salar d’Uyuni”

  1. Drainville dit :

    Wow, quel rėcit, merci. Vos photos sont superbes et très drôles pour certaines. Puis-je m’inspirer de l’une d’elles pour peidre? Merci.

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